lunes, 18 de marzo de 2019

EUROPEO DEAF CATHOLIC


The pilgrimage of deaf Europe took place in Lourdes from 10 to 14 September 2018.



NEWS DEAF

Un pèlerinage inédit à Lourdes : Les Sourds d’Europe

Du 10 au 14 septembre 2018.
Michelle Bonnot, dans Echo Magazine de novembre 2018
Du 10 au 14 septembre, nous étions 400 Sourds rassemblés à Lourdes : Allemands, Espagnols, Hongrois, Irlandais, Italiens, Français (280). Le groupe de 25 Sourds de Corée du Sud, accompagné par leur jeune prêtre sourd Coréen, fut particulièrement remarqué. Un groupe d’Anglais était également présent, mais avec son programme à part.
Ce pèlerinage était un défi, lancé par le collectif des Sourds Catholiques d’Europe, lors de leur rencontre à Rome en 2015, en désignant la France premier pays organisateur.
Le collectif « Coordination Pastorale des Sourds de France », épaulés par l’agence BIPEL a activement préparé et animé ces journées, sous la responsabilité de Pierre Van Duyse, diacre sourd (et le seul en France), du diocèse de Laon-Soissons.
L’amphithéâtre Sainte-Bernadette (où se réunissent les évêques de France) avec vue plongeante, fut le lieu idéal pour les 400 paires d’yeux des Sourds. Nous avons privilégié le tout visuel : accueil des pays avec drapeaux, intervenants sourds s’exprimant en langue des signes de leur pays ou en signes internationaux, chants en langue des signes épaulés par une chorale entendante, messe par des prêtres en langue des signes, dont Père Charles Henri Bodin, de Lyon, Xavier Loppinet, de Rennes, Jo Gohier, d’Angers et Fr. Min Seo Park, jeune prêtre Coréen sourd, assistés par François Gouthe, diacre à Vannes. Josef Rothkopf, diacre sourd allemand a assuré l’homélie de la messe de clôture.
Pour certains Sourds, ce fut une découverte : les sacrements de l’eucharistie, du pardon, des malades, l’adoration du soir, remplis de signes et symboles leur étaient directement accessibles.
Le Docteur Alessandro de Franciscis, président du bureau des constatations pour les miracles, à Lourdes, dans sa conférence, a comparé les miracles à la langue des signes. Un miracle est un signe de Dieu. Dieu parle aux hommes par les miracles.
Deux interprètes en langue des signes française et deux en signes internationaux assuraient les traductions. L’Irlande, l’Espagne, la Corée avaient leurs propres interprètes. Tout était également organisé pour que les Sourds Usher puissent suivre le programme.
La troupe de théâtre de Lyon a, par des mimes, présenté la vie de Bernadette. « J’étais rempli d’émotion » nous dirent plusieurs pèlerins. Et grande fut la surprise et la joie de recevoir Vincent Bayoumeu, sourd, arrière-arrière-petit neveu de Bernadette Soubirous. Vincent habite avec sa famille la maison paternelle de Bernadette. Son travail de feutier (celui qui s’occupe des cierges) au sanctuaire lui permet de rencontrer et de guider des sourds pèlerins.
Le chemin de croix de la prairie, animé en LSF par des Sourds, fut vécu dans un grand recueillement.
La journaliste de « Famille chrétienne » écrit  : « Quatre cents personnes dans l’hémicycle Sainte-Bernadette et presque pas un bruit. On entendrait les anges passer. La scène est surréaliste pour une «entendante» : La langue des signes fait foi, et les journalistes ignorants se retrouvent dépourvus. De quoi toucher du doigt ce que les sourds vivent au quotidien dans ce monde oral qui les laisse souvent sur le bord du chemin. « Faites ce qu’Il vous dira », guide leur semaine au sanctuaire. Interprètes à l’appui, la Parole est donnée aux sourds. »
« Ce fut super, plein d’émotion, de visuel, de communication chaleureuse », nous ont dit des pèlerins.
La grâce est passée. Maintenant il revient à chaque groupe de poursuivre dans sa région, son diocèse, sa communauté chrétienne, pour appliquer le souhait du Pape François : « « Enfin, je souhaite que les personnes porteuses de handicap puissent être elles-mêmes toujours plus catéchistes dans la communauté, y compris par leur témoignage, pour transmettre la foi de façon plus efficace ».

Lourdes (france)

L’inédit pèlerinage de 400 sourds à Lourdes

Début septembre, quelque 400 pèlerins étaient au sanctuaire de Lourdes pour le premier rassemblement européen des sourd catholiques.



Dominique Charlon, 59 ans, est sourde depuis la naissance. Elle revient de Lourdes, où elle a participé au premier rassemblement européen des sourds catholiques. Celui-ci a rassemblé près de 400 pèlerins (dont 90% de personnes sourdes) venus de différents pays d’Europe. L’événement avait été préparé par un comité de pilotage composé en grande partie de personnes sourdes. Pour cette animatrice à l’aumônerie régionale des sourds d’Ile-de-France, ce pèlerinage avait une dimension particulière. « Nous étions ensemble, c’était vraiment la dimension de ce rassemblement », explique-t-elle.
Enseignements, temps festifs, chemin de croix ont ponctué la semaine. Des interprètes de diverses régions du monde étaient présents. En effet, la langue des signes n’est pas la même partout et, malgré une grammaire commune, les gestes varient selon la langue utilisée. Il existe également une langue des signes internationale, mais qui n’est pas connue de tous. « Un certain nombre de sourds ne sortent pas beaucoup de chez eux », poursuit Dominique. « Même si nous sommes dans une époque où les personnes sourdes s’ouvrent de plus en plus aux entendants, notamment grâce aux interprètes, il reste encore des domaines auxquels elles n’ont pas accès. Dans le monde des entendants, elles ont des difficultés de communication et c’est fatiguant pour elles. Chez certaines, c’est une souffrance. Pour nous les sourds, c’est important de passer du temps ensemble pour nous exprimer et échanger. C’est comme un entendant qui rencontre un autre entendant ».
© Marc PREGNIARD
Le père Charles-Henri Bodin, aumônier des sourds de Lyon, traduit ce que dit l'évêque 

Une liturgie qui bouge

Mais qui dit sourd ne dit pas silence absolu. Dominique raconte cette soirée festive où chaque pays a présenté ses costumes traditionnels, le tout agrémenté joyeusement de chants et de mimes. Quand les sourds chantent, c’est avec les mains : « Ça bouge, il y en a qui utilisent tout leur corps et d’autres moins. Certains se sont formés au chant et y mettent de la poésie, quelque chose de gracieux ». Elle se remémore avec émotion la soirée d’adoration guidée par une femme sourde du nom de Coco. « C’était émouvant pour nous. Coco nous conduisait et nous apprenait à parler à Jésus en langue des signes, nous entraînant dans la prière. C’était un chant, mais sans voix ». « Certaines personnes ont des dispositions à signer de façon poétique », ajoute-t-elle.
Parmi les temps forts, également, une messe célébrée par un prêtre coréen sourd 100% en langue des signes, sans traduction orale. Laurence, une autre pèlerine, a vécu la session comme un véritable « choc spirituel » : « prier ensemble en langues des signes différentes et se comprendre a été comme une préfiguration de l’Église unie. J’en ai été émue et ma prière est montée vers Dieu pour l’unité de l’Église ». Et cerise sur le gâteau, Vincent, l’arrière-arrière petit-neveu de Bernadette Soubirous, sourd, qui travaille dans la ville mariale, a donné son témoignage lors de ce pèlerinage extraordinaire. Dominique a repris le chemin de la capitale hexagonale. Elle confie son espérance : que naissent des vocations de prêtres chez les personnes sourdes. Pour que la communauté chrétienne sourde puisse rayonner davantage.